Dernières nouvelles de Martinique

Dix auteur.e.s émergent.e.s qui ont en commun de ne jamais avoir été publié. Dix nouvelles qui dévoilent les préoccupations des créateurs en cette période de transition littéraire qui voit s’épanouir dans les Antilles françaises la nouvelle, le roman policier, la fantaisie.

Un regard inattendu posé sur la Martinique, des thèmes brûlants d’actualité : amour et famille, relations hommes-femmes, violences intrafamiliales, corruption et justice, nécessité de « déboulonner » l’héritage colonial, réappropriation des savoirs perdus, retour au pays…

Une plongée antillaise au cœur des thématiques contemporaines : afro-futurisme, éco-féminisme, post-colonialisme…

Format 12,5 x 19 cm / Reliure souple avec rabats / 104 pages /14 € / ISBN 978-2-492218-064

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Pour les grandes occasions

Elizabeth Nunez / Traduit de l’anglais (Trinidad & Tobago) par Laëtitia Saint Loubert

Quatre jours séparent le moment où l’auteure reçoit à New York l’appel téléphonique tant redouté qui lui annonce l’hospitalisation de sa mère et son enterrement à Trinidad-et-Tobago. Quatre jours durant lesquels Elizabeth Nunez va revenir sur son enfance et sa vie d’adulte marquées par les grandes ambitions de ses parents pour leur progéniture, leur sévère exigence, et l’apparente rudesse d’une mère convaincue que les marques d’affection doivent être réservées aux “grandes occasions”.

L’auteure compatit pourtant au sort de ses parents. Leur bonheur n’a-t-il pas été contrarié par le poids du colonialisme, par l’interdiction du contrôle des naissances d’une Église catholique à laquelle sa mère se soumet et qui lui fera endurer quatorze grossesse, par ce que Malcolm Gladwell appelle « le privilège de la couleur de peau » à Trinidad où « les gens à peau sombre… fétichisent leur clarté » ?

Un amour sans faille soude la famille Nunez et la relation aussi ardente que complexe qui unit les parents rappellera à bien des lecteurs la passion des vieux amants de L’Amour au temps du choléra de Gabriel García Márquez.

Qualifiée par la New York Times Book Review de « maître du rythme et de l’intrigue », Elizabeth Nunez signe ici un page turner qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière ligne.

À propos de l’auteure

Elizabeth Nunez est née en 1944 à Cocorite, Trinidad et Tobago. Elle a quitté son île natale à l’âge de dix neuf ans pour suivre des études littéraires aux États-Unis, dans le Wisconsin, puis s’est installée sur la côte Est. Elle enseigne aujourd’hui l’écriture créative au Hunter College, City University of New York. Auteure de dix romans et lauréate de plusieurs prix littéraires, elle est considérée comme un écrivain majeur de la diaspora trinidadienne. Un prix de littéraire, créé par le Brooklyn Caribbean Literary Festival, porte son nom. Elle partage aujourd’hui son temps entre Amityville et Brooklyn, New York.

Collection Caribea / Parution le 9 juin 2022 / 256 pages/ Format 12,5 x 19 cm avec rabats / Impression sur papier de création 90 grs / 19,00 € / ISBN 978-2-492218-02-6

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Goyaves coupées
Robert Antoni / Traduit de l’anglais par Christine Pagnoulle

Dernier roman du facétieux auteur nord-américain d’origine trinidadienne, « Goyaves coupées » est un roman qui se prend pour un scénario : caractères dactylographiés, séquences dialoguées, mouvements de caméra, photos de repérage, tout y est.

De quoi s’agit-il ? Austin Stoker, personnage principal de cette fiction mais authentique acteur hollywoodien, en proie à des pertes de mémoire, décroche enfin un rôle. Il va jouer dans une suite au film qui l’a rendu célèbre quatre décennies auparavant : un épisode de « La Planète des singes ». Ce tournage va être l’occasion de multiples retours vers son passé. Notamment le visionnage d’un autre film, enchâssé au cœur du roman. Nous sommes à Trinidad, dans les années 30. On découvre la mère d’Austin, une domestique noire, et son père, le riche négociant blanc qui l’emploie, une relation typique de la période coloniale.

Mais Austin Stoker ne s’interroge pas seulement sur son identité, il se pose aussi des questions sur la paternité – est-il bien le fils de son père, son fils est-il bien le sien ? -, sur le racisme dans la société nord-américaine, dans « La Planète des Singes » comme au StarBucks où il retrouve ses amis, autres acteurs vieillissants.

Un roman drôle et déconcertant qui traite de choses sérieuses sans en avoir l’air. Le dernier roman d’un auteur au faîte de son art enfin traduit en français.

À propos de l’auteur

Robert Antoni est né aux Etats-Unis en 1958 de parents originaires de Trinidad et a grandi aux Bahamas où son père était médecin. Il vit aujourd’hui à Brooklyn.

Auteur de nouvelles et de romans – notamment Divina Trace (non traduit, 1991), Les Contes érotiques de ma grand-mère (2001), Carnaval (2005), As Flies to Whatless Boys (2013), à paraître prochainement aux Éditions Long Cours – il est aussi universitaire et enseigne l’écriture créative à Cedar Crest College, Pennsylvanie.

Il est l’une des voix les plus écoutées de la littérature des Caraïbes.

Collection Caribea / Parution : 20 janvier 2022 / 224 pages/ Format 12,5 x 19 cm avec rabats / Impression sur papier de création 90 grs / 19,00 € / ISBN 978-2-492218-01-9

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Divertissements
Eliseo Diego / Traduit de l’espagnol (Cuba) par Margaita Idieder / Préface de Josefina de Diego

Traduits pour la première fois en français et présentés ici en édition bilingue espagnol-français, les récits qui composent Divertissements plongent le lecteur dans un univers qu’il croit connaître, tant il est proche du sien, mais qui s’avère subtilement fantastique.

Car l’ordre établi des choses et du monde vacille sous la plume de l’auteur. Ainsi les objets s’animent pour mieux faire sentir leur présence et leur rôle. Sur un jouet, une figurine perturbe la perception du réel. Un miroir devient la porte d’un corridor conduisant à l’ego malmené du personnage. Des meubles, sous l’œil vigilant de la lune, s’affairent et conspirent, exigeant d’un pauvre poète que ses mots deviennent au matin leur propre destin. Voyant la mort venir, un homme assure que son chien parle pour retarder l’arrivée de la grande faucheuse.

La prose poétique d’Eliseo Diego possède un pouvoir de séduction irrésistible ; elle ne propose rien moins qu’une nouvelle façon de percevoir le monde.

Paroles d’écrivain

À propos de ce livre, l’écrivain cubain Gastón Baquero écrivait : « La création d’Eliseo Diego ne se donne pas pour projet d’inventer mais de révéler l’intérieur tendre, magique, des objets, des personnes, des apparences ; de parvenir à découvrir que sous un encrier oublié pouvait exister un fourmillement de merveilles. »

À propos de l’auteur

Poète, prosateur et essayiste, Eliseo Diego, né à La Havane en 1920, est considéré comme l’un des plus grands auteurs latino-américains. On lui doit de nombreux livres de poésie, trois recueils de récits brefs dont Divertissements, ainsi que des essais. Lauréat en 1993 du prix Juan Rulfo pour l’ensemble de son œuvre, il est mort en 1994 à Mexico où il donnait un cycle de conférences.

Collection Caribea / Parution : 15 mars 2021 / 108 pages/ Format 12 x 18,5 cm avec rabats / Impression sur papier de création 90 grs / 14,50 € / ISBN 978-2-9559566-8-7

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Les campêches s’ennuient
Roger Parsemain / Postface de Hanétha Vété-Congolo

Dans ce nouveau recueil de onze nouvelles et récits, l’auteur martiniquais explore dans l’hier et l’aujourd’hui la destinée de personnages hauts en couleur. Et sous sa plume, petites gens, notables, hommes politiques, rêveurs célestes, deviennent autant de vigies singulières. Postées au cœur de l’île-monde, ces dernières forment sous nos yeux une véritable geste martiniquaise. Si l’auteur les peint avec finesse et respect, cela n’exclut ni l’humour ni, parfois, une ironie joyeusement salvatrice.

Vivre et écrire parmi les siens

Hanétha Vété-Congolo écrit dans sa postface : « Roger Parsemain aime ceux parmi qui et avec qui il a pris naissance et fait sa part de vie. Il les connaît, les reconnaît. Il considère pour eux et avec eux la question critique de l’existence. Quelle est-elle ? Quelle devrait-elle être ? Quelle pourrait-elle être ? Comme pour Césaire, Zobel, Glissant, Orville, Placoly, l’on retrouve ici encore, chez le poète, le penseur martiniquais, un amour profond pour les siens. Il faudra bien que l’on finisse par étudier, pour sa valeur instructive et constructive, ce rapport d’amour viscéral que les plus grands producteurs d’esthétique écrite et de pensée ont pour « le peuple » et que Roger Parsemain vient encore mettre en évidence. À partir du micro-regard sur la société franciscaine et ses alentours – Le Vauclin, Saint-Esprit, Ducos -, il éveille un œil acéré sur la macro-société du pays Martinique. »

Petit aperçu biographique

On doit à Roger Parsemain de nombreuses nouvelles et des récits brefs, ainsi qu’une œuvre poétique majeure. Il est né au François (Martinique) en 1944 et a fait ses études secondaires au lycée Schœlcher de Fort-de-France puis supérieures en Guadeloupe. Homme d’engagement, il a été membre des Jeunesses communistes et a ensuite adhéré au Parti communiste. Pendant plus de dix ans, il a été conseiller municipal dans sa ville natale. Il a mené sa carrière d’enseignant en lettres et histoire-géographie jusqu’en 2004.

Collection Caribea / Parution : décembre 2020 / 336 pages/ Format 12 x 18,5 cm / 15,50 € / ISBN 978-2-9559566-9-4

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Claire-Solange, âme africaine
Suzanne Lacascade / Préface de Valérie K. Orlando

Cela faisait presque un siècle que Claire-Solange, âme africaine, le seul livre de Suzanne Lacascade, était indisponible. Paru en 1924 chez Eugène Figuière à Paris, il ne passa pas inaperçu à l’époque. On peut lire dans la presse des critiques condescendantes, voire des analyses méprisantes aux relents misogynes et racistes.

Rendons-nous compte ! Une femme « de couleur » prend la plume et le fait magistralement. Sans s’embarrasser d’exotisme, elle dit tout le mal qu’elle pense du système colonial, du racisme, du patriarcat… C’est beaucoup, beaucoup trop. C’est aussi beaucoup trop tôt dans une France encore coloniale. Car le pays ne prête guère attention à ce roman hors norme en avance sur son temps. C’est en effet le premier signé par une femme antillaise francophone. C’est aussi le premier à faire une telle place à la langue créole.

Quinze ans avant le mouvement de la Négritude, Suzanne Lacascade fait figure d’éclaireuse. Elle explore très tôt des thèmes qui, de Frantz Fanon au mouvement décolonial actuel, mettent en cause les sociétés coloniales. Elle pointe les discriminations et valorise le sang versé par les peuples colonisés pour la « grandeur » de la France. Chroniques de la vie créole tout autant que plaidoyer anticolonialiste et antiraciste, Claire-Solange, âme africaine est un livre unique. Et il est urgent de lui restituer sa véritable place au sein des histoires littéraires antillaise, française et francophone. Un livre à découvrir sans délai !

Suzanne Lacascade (1884-1966) est née à Fort-de-France. Son père, Guadeloupéen, fut médecin de la Marine, député de la Guadeloupe et gouverneur de Mayotte et de Tahiti. Sa mère était martiniquaise. Elle consacra sa vie professionnelle à l’enseignement et fonda à Paris le Cours Lacascade.

Collection Caribea / Parution : octobre 2019 / 200 pages /Format 12 cm x 18,5 cm / 14,00 €

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